Et les AUTRES? (monsieur le Président)
ÉLOGE DE L'AUTRE Celui qui marche d'un pas lent dans la rue de l'exil C'est toi C'est moi Regarde-le bien ce n'est qu'un homme Qu'importe le temps,la ressemblance,le sourire au bout des larmes,l'étranger à toujours un ciel froissé au fond des yeux Aucun arbre arraché Ne donne l'ombre qu'il faut Ni le fruit qu'on attend La solitude n'est pas un métier Ni un déjeuner sur l'herbe Une coquetterie de bohémiens Demander l'asile est une offense Une blessure avalée avec l'espoir qu'un jour On s'étonne d'être heureux ici ou la-bas. Tabar Ben Jelloun Anthologie.50 Poètes d'Aujourd'hui. Points. ce poème d'un compatriote évoque en moi une rencontre il y a 15 jours, un couple sous un porche lui: Tah
pas des "roms", non, mais des exilés depuis des années, toujours en démarches de papiers à obtenir
des gens qui vivent à 5 dans un vieux véhicule
été comme hiver
au-delà de l'échange que nous avons eu, échange en paroles, que pouvions-nous offrir de plus? à ce moment?
au-delà de toutes les confidences que je tairai pour ne pas augmenter leur soucis et leur peine
ce qui m'a frappé c'est leur teint de papier mâché
l'aspect fripé de leurs vêtements
mais aussi ces derniers mots échangés
"je rends grâce à Dieu
je suis sûr qu'il nous bénit et nous bénira"
cela fait plus de 10 ans qu'ils sont en France, terre d'accueil, après avoir fui l'enfer de persécutions graves, intolérables dans leur pays
ils errent de village en village
pas de papier, pas de domicile, donc pas de possibilité d'avoir un boulot
pas de boulot, pas de certificat de travail, donc pas de possibilité d'accéder à une autorisation de demeurer sur le territoire (carte de séjour)
retourner chez "eux"?
ils n'ont plus de "chez eux" depuis longtemps et n'en ont pas trouvé un ici
retourner chez eux pour se faire massacrer, eux et les enfants qui leur sont nés?
nous nous sommes quittés sur un échange réitéré de grâces rendues à Dieu
depuis je les porte en moi comme dans une patrie où se retrouvent tous ceux que j'aime