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Extramadura
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25 mai 2009

5 fois

Il y a quelques années j'étais en hôpital et la nuit qui précéda mon départ, à tour de rôle, cinq personnes vinrent me demander pourquoi j'étais là

 

l'affaire n'était pas simple, et la formulation d'une réponse particulièrement difficile

 

ne sachant pas à la première requête que j'allais être 5 fois interrogée, je m'efforçais de présenter ma réponse avec une grande clarté et dans ses grandes lignes

à la seconde requête, je fus agacée, mais que me voulaient ces gens là? ne pouvaient-ils me laisser tranquille en cette dernière nuit?
Je tentais une réponse un peu différente, plus fouillée

à la troisième requête, je me suis demandé franchement pour qui on me prenait, ne suffisait-il pas que l'on me flanque dehors le lendemain parce que l'hiver s'annonçait et qu'il fallait faire de la place pour les SDF? A quoi bon me faire redire ce qui m'avait amené là puisqu'on ne voulait plus de moi?
J'ai tenté de reprendre ce que j'avais exprimé les deux premières fois et d'en faire un rapide résumé.

Je me croyais quitte lorsqu'une requête toute semblable me fut présentée. je laissai éclater mon indignation protestant contre cette pratique insane et menaçai de me murer dans un profond mutisme, mais on ne me laissa en paix qu'après que j'eus redit la raison de ma présence dans cet établissement.

Lorsque pensant être délivré de ce harcellement, une cinquième requête imperturbablement identique me fut présentée, je me mis en colère très fortement et ma réponse se fit agressive  et grossière.

Sur quoi la surveillante me dit ceci: "vous n'êtes pas en état de quitter l'établissement, nous allons faire une note qui sera remise au médecin chef à la première heure, préparez-vous à rester une semaine de plus"

Ce qui m'arrangeait étant donné la situation que je vivais dans mon foyer. Je me repris à espérer. Ces interrogatoires successifs m'avaient totalement épuisée et je regagnai enfin ma chambre pour m'étendre avant la première ronde du matin. Impossible de fermer l'oeil, les nerfs à vif.

Vers 10 heures, on vint m'annoncer qu'il fallait que je rassemble toutes mes affaires et que j'aille chercher mon billet de sortie.
J'ai demandé ce qu'il en était de la réponse du médecin, on me dit: "elle confirme votre sortie"

-Mais comment donc? Et pourquoi tous ces interrogatoires cette nuit? Et pourquoi la note de la surveillante en ma faveur? Et pourquoi cette décision stupide?

-Parce que vous n'avez pas joué le jeu?

- Quoi pas joué le jeu?

-Et oui, toujours maquillée, bien coiffée, tirée à quatre épingle, vous chantiez dans votre chambre, vous dessiniez, vous parliez avec tout le monde, vous jouiez de la flûte dans le parc, vous faisiez de la course dans les allées

-Ah parce qu'il aurait fallu que je tire une gueule longue de trois kilomètres, que je refuse mes repas, que je crache mes remèdes, que je mette à sac la chambre, renverse les armoires, que je reste pendue au téléphone toute la journée, que j'insulte les infirmiers et les soignants? Là j'aurais joué le jeu et vous m'auriez gardé une semaine de plus. Mais si vous voulez, je vais le faire!

Et je me dirige vers les casiers pour les faire valser, eux et les affaires qu'ils contiennent.

"Inutile", me dit l'infirmière, ça ne sert à rien, la décision est prise, c'est irrévocable, vous sortez

 

Et en effet

 

KNTHMH

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