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Extramadura
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30 janvier 2008

Le chant d'une vie

Un jour, une nuit
le temps passe et fuit
je ne sais plus le nombre
soleil, lune, lune, soleil
pluie, brouillard, brouillard, pluie
horizons clairs ou bouchés
j'appelle de ma voix sans timbre
je hurle vers les cieux sans étoile

Où est celui à qui j'ai donné ma foi?
Mon corps est froid
mes membres raides
Ai-je peur?
je ne sais plus!

j'appelle et mon cri me revient
je m'affaisse pour rejoindre la terre
m'enfoncer en elle
pour ne plus avoir mal

retrouver la chaleur animale
l'instinct premier
le son primal

j'avale l'argile
j'aveugle mes yeux
je me débats comme une truite
jettée dans l'herbe

prise à l'appat!

Où que tu sois
sauras-tu me rejoindre?

Ne vois-tu pas
ne sens-tu pas
ne comprends-tu pas?

Il y avait un patio
rempli de ramages
de senteurs
d'ombrages

j'étais penchée
sur l'eau de la fontaine
mes doigts jouant avec la fraîcheur
mes yeux captant mon reflet trompeur

soudain
je sentis la présence
il était là
quelques pas derrière moi
il observait la courbe de mon dos penché

non, je ne le voyais pas dans l'onde
mais je sentais ses yeux
brûler la peau de ma nuque
caresser mes épaules

tout baignait
et je souriais
continuant à faire des ronds
dans l'eau claire de la belle fontaine

je soupirais d'aise
fermant les yeux

un petit poisson rouge
lointain cousin des carpes coy
me suçait les doigts

j'ai secoué la main et j'ai ri
tout haut
levant les deux bras
et ouvrant mes mains comme une coupe
j'ai tendu mon visage vers le soleil
et je l'ai salué

j'ai entendu ses pas
faire crisser le gravier
immobile, tendue, j'attendais

qu'il lève le couteau
et frappe brusquement
à l'endroit précis
où l'on ôte la vie

j'étais prête
pourquoi pas ce jour là?

mais il a laché l'arme
et m'a prise dans ses bras
à m'en etouffer!
Il pleurait, il sanglotait
rien ne pouvait arrêter son chagrin
son remord ou son impuissance

lentement j'ai tourné dans ses bras
pour lui faire face
voir son visage
savoir enfin qui il était
comment il était fait

comme je levais mes yeux vers les siens
je perdis connaissance

et l'on me retrouva
allongée, comme endormie
près du bassin de la fontaine
plus tard, dans l'après-midi
un poignard dans la main droite

une indicible tristesse au fond des yeux
une chappe de silence sur le coeur

où es-tu ma jeunesse?
Où sont les fleurs et leurs senteurs?
Où est mon chevalier?
mon prince, mon barde?

je ne suis plus reine en mon palais!

je ne sais plus qui je suis
si lui ne me le dit pas

j'ai jeté le poignard
en plein océan
les brisants n'ont pas eu raison de moi

tant qu'un souffle de vie
agite ma poitrine

il y a
un espoir
une chanson
qui demeure dans l'air

et un lieu pour venir
se recueillir
et écouter
ce que le vent murmure

KNTHMH

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