Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Extramadura
Extramadura
Publicité
Derniers commentaires
2 mai 2006

Une cabane dans l'aulne

Par chez nous, autrefois on construisait de petites cabanes appuyées sur les branches maîtresses des aulnes qui bordaient la rivière.
C'étaient des endroits d'aisance, dénommés "cagadou", des lieux de silence, d'isolement, de rêve, dans la ramure, bercés par le chant des oiseaux, par le doux mouvement du branchage, charmés par le gazouillis de l'eau, que l'on pouvait apercevoir, dorée, entre les planches, quelques mètres plus bas que les pieds.
On atteignait l'endroit par une petite passerelle ou un genre d'échelle comme celles qui mènent aux palombières perchées, cela dépendait à quelle hauteur était construite la cabane.
L'arbre était planté sur la rive, presque dans l'eau, il s'élevait vers le chemin de halage, il arrivait que la cabane soit pratiquement de plein pied avec les terrains.

Il n'y avait qu'une chose à craindre, les violentes eaux de juin qui s'abattent en trombes et qui minent les berges.
Personne ne s'aventurait dans les "cagadous" au mois de juin en cas d'orage.

Un jour, les histoires de jalousie ayant racine à la xième génération précédente et dont les causes sont oubliées bien que la tradition en soit demeurée, de limites de champ déplacées ou outrepassées (labour et mise en culture des voies de servitude!), parfois même des épouses détournées, des filles séduites, les occasions ne manquent pas de se faire la guerre entre voisins lorsqu'on veut...toujours est-il qu'un homme malheureux, amer et rancunier eut la bonne idée de scier au trois quart la branche maîtresse qui assurait la pérennité d'une de ces cabanes. Il pensait que le maître des lieux serait victime de l'effondrement de son édifice. Il en serait quitte pour un bon bain, deviendrait la risée du voisinage qui évoquerait longuement l'incident aux veillées en se tenant les côtes.

La branche tint bon contre toute attente, et de dépit, après des semaines de guet non récompensées par une chute fatale, l'homme se rendit à nouveau nuitamment sur les lieux pour éprouver la solidité étrange de cet arbre.
Hélas, la branche n'attendait que son coup de pied rageur pour se rompre; l'homme ne savait pas nager.


Fait divers.
Drame de la jalousie!

Tahheyyât

Publicité
Commentaires
Publicité