Je veux, je veux
Je n'invente rien
Je construis
patiemment j'assemble
avec désinvolture
en fait
je n'existe pas
pas comme vous croyez
ou imaginez
je ne suis pas de vos pays
je n'en serai jamais
je suis de ton coeur
le battement peut-être
en cela tu ne peux donc être seul
bien sûr que tu existes
parlerais-je à une chimère?
or donc tu écris
pour te mettre au monde?
projet qui prend chair
les mots t'enveloppent comme dense matrice
ils te révèlent comme plaque sensible
sauras-tu laisser trace comme acide sur verre dépoli?
un sillon labourant les strates verbales
du fin fond de ma nuit
je t'observe assembler les syllabes
échaffauder ton discours
mon regard rencontre
le va-et-vient de ta plume
sur le velin souple et vierge
les saccades de tes doigts
qui frappent le clavier
je veux l'entendre ton poème
que ses vers me caressent
me déchirent
me consolent
me poursuivent
de l'autre côté de mon être
là où rêve et réalité se rejoignent
je veux qu'il me féconde
qu'il m'aide à naître
de concert avec toi
je veux, je veux
ne pas te laisser seul
créer à tes côtés
sans trop fort le dire
pour que tu puisses encore te vêtir
de cette solitude sacrée
dont tu pares si bien ta poétique destinée
Miel (29 décembre 2010)
KNTHMH pour "noserrances"
audio lu par l'auteur
en fond sonore et en boucle: un extrait de kyrié de Bruckner