Vous avez dit FIN DU MONDE?
C'était dans mon pays, l'Algérie, j'étais une petite fille de 7 ans qui écoutait la radio, car nous n'avions pas la télé
et
j'entendais des gens qui disaient qu'au 18 mai , ce serait la fin du
monde. Je vivais déjà tous les jours des "fins du monde" car le pays
était à feu et à sang, mais j'avais encore plus peur de la FIN DU MONDE
prédite, ce serait pire encore que la crainte des fusillades, des
attentats, des assassinats, des enlèvements quotidiens! si c'était
possible de vivre pire!
je n'en parlais pas avec mes parents, ils avaient bien d'autres chats à fouetter que de me rassurer sur cette fin!
Plus
les jours passaient, plus ma frayeur augmentait, et tout se concentrait
dans mon coeur, dans ma poitrine, parce que j'ai toujours eu un grand
self-contrôle, surtout en présence d'adultes alentours, je ne
rapetassais toute dans mon coeur, comme un foetus dans le ventre de sa
mère, comme un contorsionniste dans sa petite boite de verre, mon
meilleur ami était l'ours en peluche(synthétique) bleue qui me tenait
compagnie au fond de mon lit, dans l'attente d'un prince charmant qui
n'habitait que mes rêves.
Le soir du 17 mai, je ne respirais presque
plus, tendue vers les fatidiques 12 coups de minuit qui nous ôteraient
la vie et peut-être plus!
Nous écoutions la radio, nous apprenions
ça et là le suicide de certaines personnes en proie au désarroi, et qui
voulaient échapper à cette fin du monde angoissante, nous entendions
que des groupes s'étaient rassemblés en haut de montagnes escarpées
pour voir venir le "Christ sur les nuées", prêts pour "l'enlèvement de
l'Eglise". D'autres se rassemblaient sur des falaises face à la mer,
d'autres dans des églises, mais le plus souvent dans un cadre naturel à
l'extérieur, pour ne pas être "évincés" de ce formidable évènement
terrifiant de l'humanité.
Juste avant minuit, ma mère et mon
père nous ont pris, nous les enfants dans les bras et nous ont serré
très fort, en nous disant qu'ils nous aimaient, et on a attendu les 12
coups ainsi serrés dans les bras les uns des autres.
Et puis le
douzième coup a retenti, et puis plus rien, et puis une immense
clameur, partout! le monde continuait, sa fin était remise à plus tard,
sine die!
Nous avons ri, nous nous sommes embrassés encore, une
chape de plomb s'était levée, la prédiction était fausse! et nous en
étions la preuve vivante TOUS!
j'étais petite, mais je me
souviens, et depuis ce jour, je n'ai plus cru à aucune prédiction,
concernant quoi que ce soit, en particulier la fin du monde, j'ai été
guérie de cette tentation et de cette idolâtrie. Mes parents aussi!
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