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20 septembre 2006

Le Grand Meaulnes (avant-première)

grandmeaulnes4

photo source

J'étais conviée à l'avant-première du film "Le Grand Meaulnes" qui sortira le 4 octobre 06. Comme à mon habitude, je n'avais rien lu sur le film et sa réalisation pour découvrir de mon "oeil neuf" le résultat.
J'avais vu en 1967 le film d'Albicocco, et mon coeur d'ado avait fort vibré à cette mise en scène dans la mouvance d'Hamilton, l'histoire narée alors en image était à l'exacte hauteur de mes "amours" avec Augustin, François, Frantz, Yvonne et Valentine!

Depuis, beaucoup de temps et d'évènements (tragiques) ont jalonné ma vie, et mon regard actuel sur cette oeuvre est bien différent.
Plusieurs personnes de mon propre entourage ont travaillé abondamment et particulièrement sur les écrivains de la  "génération perdue"  (Jacques Rivière, Alain Fournier, Jean De La Ville de Miremont) et c'est non sans émotion que je suis entrée dans cette nouvelle lecture-vision proposée par Jean-Daniel Verhaeghe.

Je ne dirai pour le moment que peu de choses, ce que j'en ai dit en particulier à Mme Rivière après le débat:
- la musique n'est pas une gène, bien au contraire pour suivre le drame (mention spéciale: très beau morceau de piano à deux reprises)
- la conotation historique (guerre 14-18) apporte la dimension justement "génération perdue" à cette oeuvre
- le romantisme est tout à fait présent, dans la pudeur, les échanges de regards, les touchers et frôlements de mains ou de peau, le faste irréel de la fête aux Sablonnières, et cette quête effrénée motivée par un serment juvénile

et ceci que j'ajoute après réflexion:
- Augustin m'apparait soudain comme un "passeur", il redonne la fiancée à l'ami Frantz, il fait découvrir à François la passion, il lui donne un but vital, il lui confie les générations futures, il fait passer chacun de l'adolescence à l'âge adulte, dès lors, il peut s'effacer...
- une belle réplique un peu mélancolique à mon oreille, celle que donne François à Yvonne lorsqu'elle l'interroge sur ses capacités d'instrumentiste, je vous laisse la découvrir (je savais que l'acteur, l'ex "choriste" vedette avait abandonné le chant pour la vie d'acteur...), un passage également de l'âge ado à l'âge adulte: savoir faire des choix...
On ne peut tout "garder" lorsqu'on veut approfondir une voie!

Bien entendu j'étais bouleversée à la fin de la projection, pour beaucoup de raisons personnelles, mais je n'étais pas la seule dans ce cas, la projection du film fut suivie d'un long temps de silence, telle était forte l'intensité de notre émotion, ce dont nous remercia M. Alain Rivière, très ému lui-même, en préambule du débat qui suivait.

-

Le débat entre le public et les époux Rivière, héritiers d'Alain Fournier
(résumé d'après mes notes personnelles)

Question adressée à Alain Rivière:
Chacun a "son" Grand Meaulnes.
On a déjà vu le film d'Albicocco en 67, qui, lui était très descriptif,
onirique, cette version est nettement plus réaliste, et ressitue l'histoire
dans le contexte historique de l'avant-guerre 14-18.
Comment ressentez-vous la fin du film?

Réponse:
Il est très difficile d'adapter un livre à l'écran.
Audacieux de faire de Meaulnes un soldat, le livre, lui, renvoyait à
l'espérance lorsque Meaulnes s'en va avec sa petite fille, pour de nouvelles
aventures.
J'ai apprécié toutes les inventions, choix du réalisateur, il n'a pas trahi
l'histoire, ni l'esprit d'Alain Fournier, toutes ces inventions sont le choix de Verhaeghe et se justifient.
A un moment, Verhaeghe choisit de laisser de côté l'histoire pour incarner la réalité de l'auteur.
L'on a la même impression à la fin du film que lorsqu'on finit le livre.

Remarque:
En effet la scène finale, c'est le retour du réel et elle se relie à la lecture
de l'oeuvre entière de Fournier.
Le film d'Albicocco était davantage fééerique.

Réponse de Mme Rivière:
La scène de l'aviation peut paraître surprenante, mais en fait Fournier et
Rivière étaient montés en avion, ils étaient passionnés d'aviation.
Cette scène est destinée à expliquer la disparition très longue de Meaulnes.
Voilà un exemple de choix du réalisateur pour la transcription à l'écran:
justifier certains épisodes.

Remarque:
Le traitement du temps dans le film: Verhaeghe passe du littéraire au spectacle cinématographique avec un
temps très explicatif qui réduit le mystère.

Réponse d'A. Rivière:
La version primitive que nous avait fait visionner le réalisateur était très
peu nourrie, par contre la version finale est riche en épisodes,
conversations, gestes qui élargissent la succession des évènements. L'abondance des évènements traduit la richesse profonde du livre sur laquelle on n'aura jamais fini d'épiloguer, on n'a jamais fini de découvrir.
Un écrivain anglais a intitulé un de ses livres: la fin de la jeunesse, il parlait là du Grand Meaulnes. En fait l'histoire est là, le passage de François et de Meaulnes (malgrés son orgueil) vers l'âge adulte.
Vous savez combien il est difficile de faire passer les enfants à l'âge adulte! Ils se donnent des airs de durs.

Question:
Comment sentez-vous la musique dans ce film?

Réponse D'A. Rivière:
Une musique "de façade", un accompagnement fonctionnel de ce qu'il se passe, ce n'est pas une "oeuvre d'art".

Question:
La musique de piano a un très beau chant.
La musique symphonique, avec les violons, ne risque-t-elle pas de nuire à la lecture de l'histoire?

Réponse d'A. Rivière:
Relisez le Grand Meaulnes, à chaque lecture, vous découvrirez un nouveau livre. A chaque âge de la vie, le Grand Meaulnes suscite d'autres sentiments et interprétations.

Réponse d'une spectatrice:
Le merveilleux est toujours présent dans le film, comme dans le livre. Meaulnes est l'amoureux rêvé!
Le château est celui de la Belle au Bois Dormant, cette fête, les déguisements...
Je ne suis pas déçue du tout et j'ai à nouveau envie de relire ce livre.

Réponse d'une jeune personne de la famille Rivière (Agathe):
Je suis très génée par le fait que ce ne sont pas les lieux que je connais depuis mon enfance. Je trouve que c'est trop réaliste, pas assez romantique, j'ai du mal à oublier ce que je connais.
Le recul est difficile à prendre.

Réponse d'A. Rivière:
J'ai été agréablement surprise par Clémence Poésy qui arrive à avoir une présence sensible et très forte.
Il est regrettable que la mort d'Yvonne n'ait pas été entourée de davantage d'attentions, comme c'était le cas dans la version d'Albicocco.


Trop de choses sont-elles dites et explicitées dans ce film?

Le film est centré sur la rencontre entre Meaulnes et Yvonne, Verhaeghe a composé beaucoup plus de dialogue dans le film qu'il n'y en avait dans le roman.
L'apparition des soldats est motivée par la notation de cette date: 1910.
Le père d'Yvonne devient son grand-père, étant donné le choix de Jean-Pierre Marielle pour ce rôle, mais qu'il soit son père n'aurait pas été génant.

Le château semble trop beau, et le repas dans le salon trop riche pour quelqu'un ayant eu des revers de fortune, les châteaux en Sologne sont plus sobres et la vie d'Alain Fournier était plus modeste.
Cependant il y a une unité de décor dans le film.

Les différentes adaptations:

On a reproché à Isabelle Rivière d'avoir mainte fois refusé d'adaptation du roman à l'écran, or, elle était engagée avec André Barsac depuis 1930, et ne voulait pas le trahir, cependant il n'a pas trouvé de producteur, elle a finalement compris en 58 que Barsac ne ferait jamais le film. Elle accepté la proposition de participer à la direction d'un sénario qui, grace à elle rendrait présent l'esprit d'Alain Fournier, et elle s'est décidé après avoir vu "la fille aux yeux d'or" d'Albicocco.  Pour la version Verhaeghe, des contacts avaient été pris depuis 12 ans avec la famille Rivière, démarche fort différente!

Cette nouvelle version est l'oeuvre d'un philosophe, ce qui n'était pas le cas de la réalisation d'Albicocco.

Les trois images: le livre, le film de Jean-Daniel et celui de Jean-Gabriel, sont une occasion magnifique de découvrir et comprendre cette oeuvre

Pourquoi ne pas relire chacun le livre puis écrire son propre sénario?

-

KNTHMH, le 20 septembre 06 (d'après notes personnelles prises pendant le débat)

L'intégrale des débats en 3 vidéos

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DOCUMENTS ANNEXES

Voici des compléments non personnels:

(pour ceux qui quand même veulent en savoir plus!):

gd_maulne

(source photo: allocine)

le film

Le dossier pédagogique du film

les photos1

les photos 2

la bande annonce

le synopsis:

Un soir de novembre 1910, Monsieur et Madame Seurel, qui dirigent une paisible école de la campagne solognote, reçoivent un pensionnaire que sa mère accompagne, Augustin Meaulnes.
Le prestige naturel de ce grand adolescent lui vaut d'être bientôt connu de tous les élèves comme "le Grand Meaulnes". Partageant la même chambre, le nouveau venu et François Seurel, fils des directeurs, se lient d'amitié, Augustin exerçant sur le sensible François une véritable fascination.

le casting

anecdotes (de tournage)

A présent des citations d'articles et une synthèse d'articles, avec leurs références au sujet du précédent "Le Grand Meaulnes"  d'Albicocco en 67:

gd_maulne_1

(source photo: legrandmeaulnes.com)

fiche synopsis

Une nuit, lors d'une fête étrange dans un domaine perdu des bois de Sologne, Augustin Meaulnes est ébloui par la beauté d'Yvonne de Galais dont il tombe éperdument amoureux. Celle-ci paraissant avoir disparu avec son château et ceux qui l'entouraient, il ne lui reste plus qu'un souvenir émerveillé d'un rêve fantastique...

fiche casting


Réalisateur Jean-Gabriel Albicocco


Acteurs
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Yvonne de Galais Brigitte Fossey
Augustin Meaulnes Jean Blaise
François Seurel Alain Libolt
Frantz de Galais Alain Noury
Valentine Blondeau Juliette Villard
Ganache Christian de Tillière
Monsieur Seurel Marcel Cuvelier
Madame Seurel Thérèse Quentin
Mouche Boeuf Serge Spira
Delouche Bruno Castan


Production
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Producteur Gilbert De Goldschmidt


Activités sociétés
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Production Madeleine films, France
Pathé Consortium Cinéma, France
UGC Images, France


Scénario
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Scénariste Jean-Gabriel Albicocco
Isabelle Rivière
Dialoguiste Isabelle Rivière
Jean-Gabriel Albicocco
D'après l'oeuvre de Alain-Fournier


Equipe technique
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Directeur de la photographie Quinto Albicocco

Compositeur Jean-Pierre Bourtayre

Monteur Georges Klotz

Distribution
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Distribution CFDC, France

arton165

(source photo)

fiche secrets de tournage

Premier rôle adulte 
Révélée par sa participation, enfant, aux Jeux interdits de René Clément, Brigitte Fossey retrouve à l'âge de 21 ans le chemin des studios dans la peau d'Yvonne de Galais, l'héroïne imaginée par Alain-Fournier. C'est aussi le point de départ d'une fructueuse carrière pour la comédienne rapidement promue jeune vedette, l'année suivante aux côtés d'Alain Delon et Charles Bronson dans Adieu l'ami, et trois ans plus tard en tête d'affiche dans Raphaël ou le débauché sous la direction de Michel Deville. 

Une adaptation "au plus près" d'un grand classique. 
Depuis la parution du roman d' Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, en 1913, de très nombreux cinéastes avaient souhaité porter ce livre à l'écran. Ils s'étaient cependant toujours heurtés à l'opposition de la soeur d'Alain-Fournier, Isabelle Rivière. Il fallut ainsi attendre plus de cinquante ans pour voir ce classique de la littérature porté à l'écran. Pour assurer la fidélité "au plus près" du film à l'oeuvre de son frère, Isabelle Rivière tint à collaborer elle-même à l'adaptation et aux dialogues. 

Succès au diapason 
Fréquemment cité dans les dix romans majeurs du XXème siècle, aux côtés de l'Etranger d'Albert Camus ou du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry, Le Grand Meaulnes d' Alain-Fournier est aussi l'une des meilleures ventes de livre en format poche, dopées par son unique adaptation cinématographique, elle aussi plébiscitée par plus de 2, 5 millions de spectateurs au moment de sa sortie en salles.

grand_meaulnes_1 

extrait de film sur ce tournage

Voici d'importantes informations complémentaires (non reproduites ici, allez les consulter sur leur site originel )

°°°000°°°
Synthèse d'articles divers:

Qui était vraiment Jean-Gabriel Albicocco ?

Il est né le 15 février 1936 à Cannes (ce n'est sûrement pas un hasard) d'un père évoluant dans le milieu du cinéma (Quinto Albicocco fut chef opérateur et exerça dans la péninsule). Jean-Gabriel reçut sa première caméra à dix ans et devint rapidement l'assistant de Jules Dassin sur le film Celui qui doit mourrir (1956). Puis il débuta en tant que réalisateur au tournant des années 60 en suivant la nouvelle vague. Son goût le porte vers les adaptations littéraires raffinées dès son premier long métrage, la Fille aux yeux d’or, d’après Balzac, où joue Marie Laforêt, qu’il épouse en cette même année 1960. En 1962, le Rat d’Amérique, d’après Jacques Lanzmann, passe quelque peu inaperçu, mais le public revient en 1966 pour le Grand Meaulnes, accordant au film - et à la comédienne Brigitte Fossey, qui trouve dans le personnage d’Yvone de Galais son premier grand rôle de jeune adulte - le succès qu’il avait pu porter en son temps au livre d’Alain-Fournier. Le soin accordé à l’image, qui deviendra pour les détracteurs une préciosité confinant au maniérisme à la David Hamilton, enchante les uns, repousse les autres. Suivront le Cour fou, avec Michel Auclair en 1969, et le Petit Matin, avec Matthieu Carrière et Jean Vilar, d’après le roman de Christine de Rivoyre sur l’occupation allemande, en 1970.

Parallèlement, Jean-Gabriel Albicocco, auquel on ne connaissait que des amis, est un militant très actif de la culture. Fondateur de la Société des réalisateurs de films (SRF) et de la Quinzaine des réalisateurs, une des sélections parallèles du Festival de Cannes, il a vécu les dernières de sa vie au Brésil, où il était devenu le contact indispensable pour tout cinéaste français passant montrer ses films au Brésil ou souhaitant y tourner. Il y était salué par ses pairs comme "le promoteur de la cinématographie française au Brésil, opérateur actif et infatigable des liens entre les cinémas français et brésilien". Récemment, il était hospitalisé près de Rio, sans ressources et dans un état très grave. Des personnalités du cinéma venaient de lancer un appel à l’aide pour l’aider à financer ses soins. Ce sont elles qui ont annoncé la mort de leur ami et confrère, dans la nuit , le 10 avril 2001, à l’âge de soixante-cinq ans.

sources diverses de cette synthèse:

source 1

source 2

source 3

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Consultez une critique d'over-blogueur et tous ses commentaires

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