Danza flamenca

 

                                         Sevillane St Jean-de-Luz

Je m'enferme dans la perle rouge, noir et or de mon collier.
Je m'enveloppe de douces soieries et de capiteuses senteurs.
Je ferme les yeux, quel délice!

Je penche la tête vers ma poitrine, mes cheveux bruns tombent jusqu'au nombril.
Le pied droit campé à l'avant, mes deux mains sur les hanches, puis,
de la gauche, je relève mes cheveux tandis que je rejette vivement la tête en arrière,
je saisis alors ma jupe et en fais serpenter les volants à la verticale,  mon talon gauche martèle le plancher,
je lache ma jupe, relève mes bras au-dessus de ma tête bien droite, et frappe,
mes pieds esquissent un pas de valse martelé.
Les yeux fixes, presque immobile, je frappe le sol,
le travail de mes pieds invisible, la robe touche le sol,
le bout de mes doigts percute la paume de mon autre main,
je tourne sur moi-même très lentement, imperceptiblement.
Crépitement de guitares.
Je reprends ma jupe, et la relève jusqu'aux genoux,
écart pied droit à droite, pied gauche à gauche, visage au profil alterné gauche-droite,
je m'avance vers les musiciens, m'assieds sur l'une de leur caisse,
relevant les volants sur mes genoux, et commence à chanter:

"La première fois je te vis
sous la porte cochère
d'une ruelle de Barcelona
et tu ne me regardais pas!

ô, amour de ma vie,
pourquoi
pourquoi
je meurs!

pourquoi
pourquoi
et tu ne le sais toujours pas!

Aïe! aïe! aïe!

Je ne peux pas vivre sans toi!
Aïe de moi, Aïe de toi!

Oui sous la porte cochère
toi, toujours aussi raide
et distant et moi
qui n'ose pas, qui n'ose pas

ô, amour de ma vie,
pourquoi
pourquoi
je meurs!

pourquoi
pourquoi
et tu ne le sais toujours pas!

Aïe! aïe! aïe!

Je ne peux pas vivre sans toi!
Aïe de moi, Aïe de toi!"

Autour de moi, le choeur des hommes
frappe des mains en répétant:

"Aïe! aïe! aïe!

Je ne peux pas vivre sans toi!
Aïe de moi, Aïe de toi!"

Le plus jeune d'entre eux reprend
mon chant
et tous de frapper et de chanter!

Le plus âgé d'entre eux
se dirige vers moi
et m'invite à danser.

Evolutions en miroir
face à face
dos à dos
en tournant
puis en parallèle
côte à côte
jusqu'à ce que
l'un improvise
l'autre relevant le défi,
et c'est ensemble que nous terminons
mains levées
dans un cri de victorieuse joie.

Je prends alors ma guitare
chante une sévillana
que tous les autres
vont à leur tour danser.

"la première, je te la dédie
j'étais jeune et fière
tu n'as pas compris

la seconde est pour mon mari
elle est pour mes frères
et pour mes amis

la troisième, elle est pour la vie
dure que je mène
et n'ai pas choisi

la quatrième pour l'infini
et la joie suprême
promesse bénie"

Oui joie de danser et de chanter,
la vie, l'amour, la mort!

                 23 Mai 05 pour M. E.